Sanskritam Sukham – Le Sanskrit est délice. Cours de sanskrit

Articles de presses écrits par Dīpa

Cours de sanskrit et philosophie indienne avec en illustration la photo de Dîpa Hélène Marinetti, l'enseignante.

Article de Dîpa paru dans Infos Yoga N° 151 Mars Avril 2025

Tryambakam

Le grand mantra vainqueur de la mort

mṛtyuñjayamahāmantra

Tryambakam est l’un des plus importants mantras de la religion et de la spiritualité indienne.

Infos Yoga 151

Tryambakam est l’un des plus importants mantras de la religion et de la spiritualité indienne. Il se trouve dans le maṇḍala 7 du ṛgveda, Hymne 59, verset 12, le dernier. Cet Hymne, écrit par le grand ṛṣi Vasiṣṭha, s’adresse en premier aux Marut, les cavaliers de l’orage, associés à Rudra :
« Comme d’aimables compagnons, tels des cygnes au dos noir, enveloppés de nuages, enchaînez dans vos propres liens le méchant qui nous veut du mal … Ô sages et rapides Marut, brillants comme le soleil … ».
Et l’Hymne se termine ainsi :

TRYAMBAKAṂ YAJĀMAHE SUGANDHIṂ
PUṢṬIVARDHANAM।
URVĀRUKAMIVA BANDHANĀN MṚTYOR-
MUKṢĪYA MĀMṚTĀT॥

Sens du mantra
Nous honorons (yajāmahe) celui qui a trois yeux (tri-ambakam), qui est parfumé (su-gandhim), et fait croître tout ce qui existe (puṣṭi-vardhanam).
De même que le concombre (urvārukam iva) est délivré de son lien (bandhanāt), que je sois délivré (mukṣīya) de la mort (mṛtyor), et que je ne sois pas privé de l’immortalité (mā amṛtāt).
Ce mantra sacré rend hommage et demande protection, comme tant d’autres, et montre son but clairement, quoique par le biais d’une analogie assez énigmatique.
Pourquoi est-il appelé « le grand mantra vainqueur de la mort » ?

De Rudra, le Seigneur des larmes, à Śiva le bénéfique :
L’épithète « tryambakam » , celui qui a 3 yeux, nous indique que le dieu invoqué ici est le Rudra védique, qui personnifie « la grande peur », celle de la mort . Son nom même, issu de la racine RUD, signifie le « hurleur » ou « celui qui fait pleurer ».
Dans le Veda, il apparaît comme un dieu puissant et dangereux, habitant des montagnes, vagabond solitaire armé de flèches redoutables. Il dispense le châtiment, prompt à la colère, impliqué activement dans la destruction des ennemis et des malfaisants.
Son nom terrible ne doit pas être prononcé, on le prie souvent avec ces mots  : «  sois bienveillant  » (śivo bhava). Le nom de «  Śiva  » fut attribué ultérieurement au dieu qui hérita des traits rudraïques, devenant le Grand Dieu Souverain (maheśvara), le danseur cosmique (nāṭarāja).
Ce « porteur de trois yeux » est le Maître du ciel, de l’espace intermédiaire et de la terre. Un mythe célèbre raconte qu’il détruisit la triple cité volante des démons-asura, de son troisième œil, l’œil transcendant qui brûle toute chose.
Ces trois yeux sont associés aux trois sources de lumière : le soleil, puissance céleste qui donne la vie, incite la croissance ; la lune, luminaire de l’espace ; le feu terrestre et sacrificiel, qui accompagne l’existence humaine.
Représentant la mort mais aussi le Principe de vie et les énergies vitales (prāṇa), Rudra est le Maître des éléments et de la Nature, particulièrement de la Terre, dont il est l’époux divin. L’odeur (gandha), essence subtile de la Terre, imprègne ce dieu parfumé (sugandhim), soutien de toute vie. Un des noms qui le désignent, Paśupati, atteste cette fonction : il est le Maître du bétail (paśu), de tous les vivants peuplant les mondes dont il est le guide et le protecteur.

De la mort à l’immortalité
Mais ce Rudra sauvage, terreur des ignorants, apparaît au Sage comme le guérisseur, le lumineux médecin des âmes, qui libère de l’égarement et conduit vers son accomplisse-ment celui qui l’honore et le prie avec ferveur.
Alors la comparaison prend tout son sens : de même qu’un concombre (symbolisant le corps) se détache de son lien avec la terre, lorsqu’il arrive à maturité, de même, que je sois délivré des liens (désirs, karma) qui m’emprisonnent dans l’existence matérielle et mondaine, assimilée à la mort. Cette conscience ainsi libérée peut enfin reconnaître sa nature essentielle, lumière éternelle de l’ātman.
Chanter ce mantra nous apaise, dans un lâcher-prise qui transcende le malheur, lorsque viennent à notre rencontre les visages de la souffrance et de la mort.
Une pratique assidue peut engendrer un état de conscience immuable de pure Joie (ānanda), au-delà de l’espace, du temps et de toutes les contingences terrestres. Tel est le devenir divin, l’immortalité promise.

 
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